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 Analyse des réformes en france depuis la déclaration de Bologne

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AuteurMessage
Loïc Sud Nanterre




Nombre de messages : 50
Date d'inscription : 01/12/2008

Analyse des réformes en france depuis la déclaration de  Bologne Empty
MessageSujet: Analyse des réformes en france depuis la déclaration de Bologne   Analyse des réformes en france depuis la déclaration de  Bologne EmptyMer 7 Jan - 19:07

Un extrait du "guide des réformes" que va sortir Sud Etudiant Nanterre :

Historique :

1999-2000 : Déclaration de Bologne et Stratégie de Lisbonne
2003 : LMD et ECTS
2006 : Pacte pour la recherche
2007 : LRU
2008 : Plan réussite en licence, plan campus, réforme des IUFM/masterisation des concours, réforme du statut d'enseignant chercheur, réforme du statut des doctorants/
2008-2009 : LMD2

1999-2000
De Bologne à Lisbonne ou la marche forcée vers la marchandisation des savoirs.


Le 19 juin 1999, à Bologne, les 29 ministres européens de l'éducation signaient la Déclaration conjointe sur l'espace européen d'enseignement supérieur dans laquelle était annoncée le principe d’une « Europe de la connaissance » et de la culture. Cette Europe ne serait possible qu'en harmonisant le système d’enseignement en créant le LMD et les crédits ECTS. C'est le départ du « processus de Bologne ».
Moins d'un an plus tard, la réforme prend un tour radicalement différent : En mars 2000, le Conseil européen de Lisbonne fixait l’objectif de « devenir d'ici à 2010 l'économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde, capable d'une croissance économique durable accompagnée d'une amélioration quantitative et qualitative de l'emploi et d'une plus grande cohésion sociale »1.En un mot, l’université doit devenir une entreprise rentable !

2003
Système LMD et ECTS


En France, on met en place le système 3/5/8, on semestrialise les cours qui devient des « unités d'enseignement » (UE) auxquels sont attribues une valeur : un nombre de crédits ECTS (European Credits Transfer System)
Il en est de même dans tous les pays d'Europe choisissant ce système. Ainsi les élèves vont pouvoir facilement circuler d'un pays à l'autre, d'un semestre à l'autre, sans qu'il n'y ait plus de problème pour se voir reconnaître son diplôme ou les matières déjà validées dans un autre pays.
Dans le même temps, dans le cas de la France par exemple, on supprime le DEUG (l'équivalent d'un BTS ou d'un DUT), et la Maîtrise (bac+4) tout en conservant la sélection entre le M1 et le M2, ce qui est une aberration puisque des étudiants se voient exclus du M2 et de l'Université en ayant en poche un M1 qui n'est pas reconnu sur le marché du travail.
La même logique de casse des diplômes est à l'oeuvre avec la mise en place des ECTS, qui « déconstruisent » l'identité des diplômes en en faisant une suite de petits modules à valider. Quelle est la cohérence de la formation quand l'étudiant se retrouve en position de consommateur faisant son shopping universitaire ?

2007
Loi Liberté et Responsabilité des Universités (LRU) : De qui l'université va-t-elle devenir autonome ?


Écrite et votée pendant l'été, la loi LRU renforce les pouvoirs du président et du Conseil d'ADministration (contrôle du budget, de l'embauche, des primes, de l'intéressement, mais aussi emprunts, prises de participation, création de filiales) de l'université, fait entrer dans les différents conseils des représentants du patronat, un « acteur du monde économique et social » et des élus locaux, au détriment de la démocratie universitaire : le nombre de représentants du reste de l'université -enseignants, administratifs, étudiants est rétrécie.
Plus fondamentalement, la loi permet et réglemente la création de « fondation » universitaire chargée de trouver des fonds nécessaire au fonctionnement de l'université. Dans un même temps, l'autonomie financière gagnée par les universités, va de pair avec un renforcement du contrôle d'Etat dans l'attribution et l'usage des crédits, qui se raréfient. Les universités vont donc devoir demandé directement de l'argent aux entreprises. Sans contre-parties ?
L'orientation active (préselection) des lycées est mise en place, les « comités de spécialiste » pour le recrutement des enseignants qui permettaient d'être jugés par ses pairs est remplacé par un « comité de sélection » dont la constitution variera en fonction de l'humeur du président. Va-t-on juger les professeurs sur la qualité de leur recherche ou enseignement, à leur quantité, ou selon le copinage de chacun ?

2008: 5 réformes !

Le Plan Campus, une université à deux vitesses

Le plan Campus, financé à hauteur de 5 milliards (dont 3 issus de la privatisation d’une partie d’EDF), vise à créer 10 « pôles d'excellence » qui pourront avoir un prestige international, et ainsi drainer les fonds des étudiants étrangers, et des entreprises, qui en retour pourront breveter les résultats des recherches ou tirer profit des cerveaux que l'université aura formé, en les prélevant directement à la source. Le Plan Campus participe ainsi à la création de Paris Universitas, qui va regrouper l'ENS, l'EHESS, Paris 3, Paris 6 et Dauphine, afin d'en faire un pôle scientifique de renommée internationale. Les facs qui ne feront pas parti de ces pôles n'auront rien. Autrement dit l'Etat va les laisser crever c'est-à-dire les confiner dans un rôle subalterne de formation d'étudiant vite employables avec des licences pro faites pour le tissu local d'entreprise.

Réforme du statut d'enseignant-chercheur : profs flexibles

Grâce à la LRU, et à la modification du décret de juin 1984 régissant le statut d'enseignant-chercheur, les présidents d'universités vont pouvoir moduler la répartition du travail des profs. Si ceux-ci ne publient pas assez, on les punira en augmentant leur nombre de cours à donner. Belle vision de l'enseignement ! Le but caché est de faire travailler plus la main d'oeuvre existante, la flexibiliser, et surtout de ne pas embaucher.

Création du « contrat doctoral unique » : savoir à vendre

Afin d'homogénéiser les différents statuts des doctorants (allocataires, ATER, moniteur...), est créé le contrat doctoral unique : les thésards, vont devoir démarcher les entreprises pour trouver des financements pendant 3 ans. Si le modèle peut être viable pour le ssciences dures (intérêt de la part des entreprises, tenable en 3 ans), est-ce généralisable pour les sciences humaines et sociales ? (non rentable, thèse en 4 ou 5 ans) ? Encore une fois, l'état se désengage, afin de permettre aux entreprises d'avoir la main mise sur le contenu de nos études et le fruit de nos recherches.

Le Plan Réussite en Licence : adapter les étudiants à la demande patronale

Le « plan licence » quand à lui, sensé combattre l'échec scolaire rajoute des cours d'informatique, de « connaissances du monde socio-économique », et des « bases juridiques ». Ce que le gouvernement appelle des « fondamentaux » est en réalité une formation généraliste qui n’a plus rien d’universitaire et qui correspond à la production d’une main d’œuvre d’employés qualifiés, autrement dit « professionaliser ».
Dans ce système, les études universitaires commencent vraiment qu'en 2ème année. A la fin de notre licence 3, on n'aura seulement étudié que ce qui avant correspondait à la licence 2. Avec un tel procédé, la licence ne vaut plus rien. Ce qui là aussi s'inscrit dans le cadre du Master 2 comme nouveau diplôme « de base ».
L'autre versant de la « réussite en licence » c'est un contrôle accru des universités (alors qu'on nous fait avaler qu'elles vont devenir « autonomes ») : en modulant le financement des facs en fonction du taux de réussite des étudiants, et leur intégration sur le marché du travail. Une fac qui n'aura pas un bon taux de réussite de ses étudiants d'une année sur l'autre verra son financement diminuer. Ou comment enfoncer la tête sous l'eau quelqu'un qui se noie !!

La masterisation des concours : la fin des fonctionnaires

En 1810 création de la première Ecole Normale primaire, formant les instituteurs
En 1969, la formation est portée à deux ans après l'obtention du concours
En 1989, avec la loi Jospin, les Ecoles normales sont remplacées par les IUFM. La formation ne dure plus qu'un an après obtention du diplôme.
La réforme actuelle des IUFM veut limiter la formation à un stage d'un semestre !


Souvenons-nous. Dans sa lettre de mission à Xavier Darcos, datée du 5 juillet 2007, Nicolas Sarkozy écrivait que "La formation des enseignants devra durer cinq ans et sera reconnue par un diplôme de niveau master." Aujourd'hui on nous annonce la suppression des Instituts Universitaires de Formation des Maîtres (IUFM) et la "masterisation" des concours de l'enseignement.
Le plan est de fusionner deux années en une, c'est-à-dire c'est-à-dire bâcler à la fois le côté « intellectuel » (Par exemple pour le CAPES d'Histoire : avoir des bases solides en histoire) et le côté pédagogique. Une des mesures la plus grave, avec l’obligation d’obtention de ce M2 pro, aussi bien pour les instit' que pour les profs du secondaire, c’est la plupart des rares représentants des classes populaires que l’on élimine de facto. Car faire 5 années d’études n’est pas donné à tout le monde au niveau financier. Enfin, il s'agit de supprimer purement et simplement les concours d'état, donc de fonctionnaire. Le titulaire d'un Master 2 professionnel de professeur n'aura bientôt plus qu'à postuler de lycées en lycées (bientôt autonomes), comme si les maternelles, les collèges et les lycées étaient de vulgaires entreprises, qui vont embaucher leur salariés. Le but de cette réforme étant de faire des économies, et de pouvoir supprimer des « employés » d'Etat en fonction de la conjoncture, on peut avancer sans se tromper que les contrats proposés ne seront pas des CDI !

2008-2009 : Application du « LMD 2 »

4 ans à peine après l'application de la réforme LMD, et sans prendre le temps d'en tirer un bilan, cette réforme est déjà réformée, avec le LMD2. A Nanterre, les principaux changement seront les suivants :
En L1, les étudiants choisiront des socles de matières, ce qui leur permettra d'avoir une Licence plus ou moins générale (ce qui va de pair avec le plan réussite en licence), l'étudiant ne se spécialisera dans sa matière qu'en deuxième ou 3ème année.

Les actuelles EC Libre vont être remplacé par des EC d'option. Les nouvelles EC Libres pourront être choisies sur la base du volontariat, et seront comptabilisées en dehors du diplôme. Ce type de décision creuse l'individualisation des parcours et l'éclatement des diplômes en empilement d'Unité d'Enseignement (UE).

Il manque à ce topo la réforme du CROUS, la création des agence types AERES, le démantelement du CNRS, la création d'un nouvel échelon de bourse (et une raréfaction des bourses en même temps)...

Synthèse
Les effets des différentes réformes sont les suivants :
- créer d'un diplôme de trois ans, sans valeur, sans contenu (pour en faire des travailleurs précaires), et de l'autre côté, volonté de sélectionner à partir de la quatrième année, pour en faire les cadres d'entreprises et les chercheurs de demain. Ce sont ces derniers qui vont disposer le plus de l'argent public et privé
- volonté de détruire les diplômes nationaux, pour que les futurs travailleurs n'aient plus rien de commun à défendre. Pour le vider de sa substance, les ECTS et les EC ont permi de décomposer le diplôme en une série de petits modules à valider, qui correspondent à des compétences pour les entreprises. Les équipes pédagogiques ne sont plus maître du contenu du diplôme, c'est à l'étudiant de faire son shopping universitaire sur le marché européen.
- l'état se désengage financièrement des filières non-rentables (les sciences humaines), tout en renforçant son contrôle sur l'utilisation de l'argent, par l'intermédiaire de nouveaux organismes.
- les universités deviennent des entreprises et sont gérées comme telle : une logique de profit avant tout. Pour cela, suppression des fonctionnaires et emploi de professeurs précaires. En un mot, promotion de la flexibilité.
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